Triangle Talk : Les startups recrutent-elles tous les meilleurs talents ?

Philippe Dullaert ne partage pas cet avis et explique que "tout dépend de la manière dont vous vendez votre entreprise. Il faut savoir ce que les gens veulent. Certains ont besoin d'une structure bien établie, tandis que d'autres se sentent plus à l'aise dans un environnement entrepreneurial".

Joyce Stroeckx ajoute qu'une startup offre de nombreuses opportunités. "L'inconvénient, c'est que ce n'est pas l'environnement idéal pour tout le monde. Certaines personnes ont besoin de plus de structure, et toutes les startups n'ont pas des parcours de carrière parfaitement tracés. Il y a aussi une part de chaos. Mes collègues me posent encore parfois des questions auxquelles je n'ai pas encore de réponse toute faite", explique Joyce.

 

Dans une entreprise qui existe déjà depuis longtemps, on suit souvent une trajectoire bien définie. Selon Philippe, "on sait à quoi s'attendre". Dans une nouvelle entreprise, les postes vont aussi beaucoup évoluer. Dans les grandes entreprises, votre rôle ne changera pas beaucoup et vous pourrez ajouter quelques touches personnelles par-ci par-là. Une startup est généralement confrontée à des problèmes qu'une grande entreprise a déjà surmontés". Selon Joyce, cela dépend d'une startup à l'autre : "Certaines se développent plus rapidement que d'autres. Il y a de la place pour définir son rôle. Vous contribuez également à l'évolution de l'entreprise, c'est la grande différence." La réalité dans une startup est généralement différente de ce qui est expliqué dans l'offre d'emploi. Joyce explique que "les nouveaux collègues remettent en question des choses auxquelles nous n'avons pas encore pensé. Ils acceptent ces défis et donnent forme à leur position dans l'entreprise".

 

Souvent, les jeunes entreprises ne disposent pas des ressources nécessaires pour embaucher une personne pour chaque tâche. "Elles font preuve d'une grande créativité avec les talents dont elles disposent. Le département des ventes s'occupe également du marketing et le responsable financier peut aussi s'occuper de l'aspect juridique", explique Philippe. Les premières personnes dans un projet de ce type forment souvent la base de cette entreprise. D'après son expérience, Joyce affirme qu'il faut "choisir ces personnes de manière très critique parce qu'elles jouent un rôle essentiel dans l'avenir de l'entreprise". "Si vous commencez à travailler avec des personnes au profil trop délimité, vous risquez des problèmes", explique Philippe.

 

La diversité est nécessaire, dans les start-ups comme dans les grandes entreprises. Joyce explique que "notre plus grand défaut est que nous avons de la sympathie pour les gens qui nous ressemblent. Ne choisissez pas toujours la personne qui vous ressemble le plus, mais cherchez plutôt quelqu'un qui vous complémente". Dans une startup, tout le monde ne doit pas forcément être entrepreneur : "Le succès de votre entreprise dépend non seulement des initiateurs, mais aussi des profils qui les soutiennent".

 

Selon Philippe, prendre des initiatives dans une entreprise peut aussi se faire par des petites choses qui ont un impact positif sur la société. Il cite l'exemple de Starbucks où un employé a décidé d'écrire les noms sur les fameux gobelets de café. "Cette personne voulait rendre la procédure plus efficace. Les personnes qui trouvent des solutions sont très importantes dans toutes les entreprises, grandes ou petites. Joyce estime que l'intrapreneuriat est très précieux et encourage fortement le "job crafting" : "Les patrons sont mis au défi. Je laisse délibérément certaines choses ouvertes à mon équipe pour qu'elle les remplisse elle-même".

 

Comme chez Google, les employés peuvent, pendant les heures de travail, réfléchir à de nouvelles idées. Philippe pense que c'est une bonne idée "parce que cela encourage les gens à être créatifs. Il y a des gens qui veulent faire leur travail de la même manière tous les jours, tandis que d'autres veulent réfléchir ensemble à la manière dont les choses peuvent être différentes et meilleures. C'est une bonne idée, surtout dans les entreprises qui doivent constamment se réinventer". Dans une startup, il faut trouver un équilibre car l'équipe est généralement plus petite et chaque moment de la journée doit être utilisé de la manière la plus efficace possible."

 

Joyce souligne les avantages des réseaux sociaux pour les startups : "Grâce à LinkedIn et à d'autres plateformes de réseaux sociaux, les gens voient de plus en plus les possibilités qu'offre l'esprit entrepreneurial. Chaque jour, il y a de nouvelles start-ups". Philippe ajoute que "le monde est plus ouvert. On obtient aussi plus facilement de l'argent". Il est également pour le job hopping, afin d'éviter les bore-outs. Selon Joyce, la mobilité interne est la solution pour garder les meilleurs talents dans l'entreprise : "Les gens sont plus critiques par rapport à leurs responsabilités professionnelles et regardent aussi les autres passions qu'ils veulent développer." De cette manière, les entreprises économisent également sur le coût le plus important : le roulement du personnel. " Démissionner au bout d'un an est très coûteux pour une entreprise, parce que vous avez investi dans le développement d’un employé et au bout d'un an, cette personne est déjà partie. En investissant dans le développement, les gens restent plus longtemps dans l'entreprise et peuvent changer de poste en interne", explique Philippe.

Ce quatrième épisode de Hays Triangle Talk s'achève sur un avis critique de Joyce : "Dans une startup, on attend souvent de chaque employé est un touche-à-tout, mais je vous recommande de toujours avoir une conversation honnête avec vos employés lorsque vous voulez changer les choses."

Et Philippe de conclure avec le conseil suivant : "Osez déployer les gens sur des tâches différentes. Déployez les gens sur la base de leurs talents et pas seulement sur la base d'un ensemble défini de tâches."